Comme j’ai déjà écrit dans 2 articles de mon Blog, la sécurité est la base de tous nos apprentissages, et les limites un acte d’amour. Mais ces notions trouvent également leur illustration dans la vie prénatale, à travers le placenta, et dans la dynamique parentale entre mère et père.
Le placenta n’est pas qu’un organe biologique : il symbolise le lien, la protection et la structure. Dans cet article, nous explorons comment la fusion maternelle, la structure paternelle, et le processus de fusion/défusion permettent à l’enfant de se construire, de grandir et de se relier au monde.
Le placenta : un organe de lien et de sens
Le Dr Olivier Soulier propose une lecture symbolique du développement embryonnaire : « Deux ovules ensemble donnent beaucoup de matière, mais sans forme. Deux spermatozoïdes ensemble donnent du placenta, mais sans embryon. » De cette expérience imagée, il retire une interprétation profonde :
- L’ovule, principe féminin, apporte la matière, la vie et l’abondance.
 - Le spermatozoïde, principe masculin, apporte la structure, le repère et le projet.
 - Selon la métaphore du Dr Soulier, l’homme va chercher à manger, la femme met la table !
 - Le placenta, fruit de la rencontre des deux, symbolise le lien nourricier, la sécurité et la protection dès l’origine.
 
Sur le plan biologique, cette symbolique trouve un écho : le placenta contient des gènes paternels essentiels à sa croissance. Le père, dès le début, participe donc à nourrir et protéger l’enfant, même à distance, dans le corps maternel.
La mère : l’abondance et la sécurité
La mère représente la matrice, la réceptivité et l’abondance. Elle offre la sécurité initiale : l’enfant sait qu’il est accueilli, nourri et protégé. Cette sécurité de base permet au système nerveux de se détendre, de lâcher vigilance et anxiété, et de préparer l’enfant à apprendre et explorer le monde. Mais cette générosité maternelle, si elle reste exclusive, peut créer un lien trop intense, empêchant l’enfant de se différencier et d’expérimenter le monde de façon autonome et donc devenir toxique.
Le père : la structure, le cadre et la différenciation
Le rôle du père est de compléter le lien maternel : Il apporte la limite bienveillante, la structure, la sécurité externe. Il permet à l’enfant de sortir du duo fusionnel mère/enfant et d’entrer dans la relation avec le monde.
Le père nourrit la croissance, alors que la mère nourrit la vie.
Ainsi, le père est la continuité symbolique du placenta masculin évoqué par le Dr Soulier : il assure protection et lien, mais par cadre et présence plutôt que par la fusion.
De la fusion à la « défusion »
Le Dr Soulier insiste sur la dynamique de fusion et « défusion ». Une des défusions parmi d’autres est facilitée par la présence du père ou d’un repère structurant. Le passage du placenta au monde extérieur, de la fusion prénatale à la relation différenciée, est exactement ce processus : l’enfant apprend à se séparer sans se perdre, à explorer, à s’affirmer et à se relier aux autres en sécurité.
Et si on regarde l’éthymologie, n’y aurait-il pas entre ces deux étapes, un risque de confusion. Le mot confusion vient du latin confusio, qui signifie “mêler ensemble” (con- : ensemble, fundere : verser, fondre). Si le lien mère/enfant reste trop exclusif, sans cadre extérieur, l’enfant peut être mêlé, perdu dans la fusion, incapable de distinguer ses besoins de ceux de sa mère ou de percevoir ses propres limites.
Sans cette défusion, le duo mère/enfant risque de devenir symbiotique ou toxique, empêchant l’enfant de développer autonomie et confiance en soi.
Conclusion
Le placenta n’est pas qu’un organe biologique : il est métaphore vivante de l’équilibre entre le féminin et le masculin.
La mère apporte abondance et sécurité, le père offre structure et cadre. C’est dans cette rencontre équilibrée que chaque enfant peut grandir en confiance et s’ouvrir pleinement au monde.