Jacques Brel ; Le souffle de deux vies

Hier soir, au spectacle consacré à Jacques Brel par Koclair et organisé par Vernet Loisirs, j’ai ressenti bien plus qu’une performance : j’ai entendu une biologie qui chante.
Chaque information semblait révéler l’histoire invisible d’un homme né avec un souffle de trop, ou peut-être… un souffle manquant.

Ce texte ne prétend pas à une vérité médicale ni historique. Il s’agit d’une lecture symbolique et biologique, inspirée de la trajectoire de Jacques Brel et du regard que j’y porte à travers le prisme de la lecture biologique et transgénérationnelle.

Jacques = celui qui prend la place

Le prénom Jacques vient de Jacob, “celui qui supplante”, celui qui naît en tenant le talon de son frère jumeau.
Dans la lecture biologique, c’est souvent le prénom du remplaçant : l’enfant qui porte la mémoire d’un jumeau perdu, d’un frère ou d’une sœur disparue avant lui. J’ai appris que la maman de Brel avait eu une première grossesse gémellaire au Congo. Il serait curieux de connaitre les dates de naissances et de décès de ces jumeaux…
Chez Brel, tout exprime cette tension : la passion, la fuite, la colère, l’amour démesuré.
Et si son art devient sa manière de réparer un vide qui n’a jamais été comblé.

Chantal, sa première fille

Quand il commence à chanter, Jacques est encore un jeune homme contraint entre le monde rigide de son père industriel et son désir de liberté. C’est l’époque où naît sa première fille, Chantal. Ce prénom issu du latin cantal, “pierre, rocher” symbolise la base, la structure, le socle mais évoque aussi le chant. C’est au moment où il choisit la chanson qu’il s’appuie sur ce roc intérieur. Biologiquement, Chantal représente la matrice stable dont il va devoir s’extraire pour exister.
C’est grâce à cette stabilité qu’il ose le déséquilibre : le saut dans la scène, la mise à nu, la vérité.

France, sa deuxième fille

Quand Jacques part s’installer à Paris, sa deuxième fille, France, vient au monde.
Et le symbole est éclatant en cette capitale française. Mais France, c’est aussi la liberté, le territoire, la respiration du monde. Le prénom parle d’un besoin vital d’espace, de souffler enfin. Ce prénom porte la vibration du poumon : respirer son identité, élargir son horizon.


Isabelle, sa dernière fille

Le prénom Isabelle vient de l’hébreu Elisheba qui signifie “Dieu est mon serment” ou “mon engagement envers Dieu”. Chez Gérard Athias, cela évoque un lien spirituel fort, un pacte d’âme avec une promesse de fidélité ou de foi. Isabelle renvoie à un archétype féminin, de fidélité et de transcendance.
Ce prénom parle d’un conflit de culpabilité entre la perfection spirituelle et les désirs humains souvent vécu dans la chair ou la relation. Et Isabelle naît alors que Brel vit un grand tiraillement : l’homme fidèle marié à Miche, et l’artiste épris d’autres femmes.

L’avion puis le voilier

L’avion est l’élément air, le royaume du poumon. En lecture biologique, l’avion représente aussi le père :
chercher des conflit de soumission au père ou de manque de reconnaissance du père. Chez Brel, le père était industriel, rigoureux, ancré dans le devoir, le travail, la morale bourgeoise. L’avion devient alors un acte de libération symbolique :

Mais là-haut, le souffle se fait rare. Plus il monte, plus l’air manque. Et dans cette quête d’absolu, son poumon porte déjà le conflit. Alors, il descend.
Il revient vers la mer.
Le voilier, et l’air qui le propulse, devient enfin allié pour le faire avancer.


Le cancer du poumon ou l’épuisement du souffle

Le cancer du poumon peut exprimer une peur de la perte vitale, la détresse d’un être séparé (d’un frère/sœur ou d’un parent décédé, d’un amour…)

Chez Brel, le souffle a été sa vie.
Il a tout donné par la voix, en lien au souffle, il a respiré pour les autres, et son corps a fini par ne plus savoir respirer pour lui-même.

L’embolie : la rupture du flux

L’embolie, c’est l’arrêt du mouvement. C’est la résolution biologique du conflit : plus besoin de courir, plus besoin de prouver.

 

 

Merci à Koclair

Merci à Koclair d’avoir su faire revivre le souffle de Jacques Brel hier soir.
Par sa présence, sa voix vibrante et la sincérité de son interprétation, il n’a pas seulement chanté Brel.

Il y avait hier soir quelque chose de profondément juste : le souffle d’un homme (Brel) traversant le souffle d’un autre (Koclair) et ensemble, ils faisaient naître une émotion rare celle d’une vie qui continue à se dire et que j’ai découverte.

Laisser un commentaire